Je vous présente ma mère, Élisabeth, toute petite sur cette photo. J'ignore encore pourquoi je poste celle-ci précisément, disons peut-être que c'est une des seules qu'il me reste. Elle peut y paraître inquiète, ou plutôt interrogative, avec ses jolies tresses, je ne sais pas trop. Ce que je sais en revanche, c'est que j'aime cette photo. Profondément.
Élisabeth ma mère n'est plus de ce monde. Elle a quitté cette terre et a cessé de souffrir, à l'âge de 67 ans.
Je décidais il y a de ça de nombreuses années de quitter le nid, d'abord pour ma propre survie, puis ensuite pour mener ma vie d'homme, de manière indépendante et libre.
Je pourrais évoquer les années qui ont précédé mon départ, ces années d'obscurité, d'isolement, ces années brutales et parfois au plus proche du désarroi.
Pour autant, je fais le choix aujourd'hui de ne garder que le bon, de ne conserver que cet amour, celui qui fût entre une mère et son fils.
La mort ayant emportée avec elle la triste pathologie et les délirs sans fin, je me dois désormais de rendre hommage et de faire mes adieux, de manière sereine et apaisée.
De la relation avec ma mère, je retiens cette complicité toute particulière, ces innombrables instants de rires aux éclats et cet amour, inconditionnel et exclusif, même si, c'était trop, beaucoup trop, et que ça allait nous mener à notre perte.
Cet instant précis, l'annonce de sa disparition, je l'ai redouté toute mon enfance et adolescence. Je l'ai fantasmé et imaginé, maintes fois. Aujourd'hui nous y sommes et je vois les choses d'un regard nouveau. Je ne suis ni effrayé, ni anéanti, mais au contraire, je suis soulagé. La sidération et la tristesse sont à mes côtés, infinies.
Maintenant je sais ce que ça fait. Ce que ça fait de perdre sa mère.
Il me reste désormais les souvenirs. Des ancrages très forts. Il me reste des mémoires sensorielles et visuelles. Il me reste à renouer des liens, à reprendre ma juste place auprès de ceux, qui je l'espère, ne m'auront pas oublié.
Adieux ma p'tite maman.
Ton fils Valentin qui n'a jamais cessé de t'aimer.