Adrienne Casabianca

Adrienne, dessinée par Dominique

Dompnac sous la neige

Textes écrit par Adrienne, dans son cahier C’était aussi le temps des veillées. Les anciens du village, au coin du feu, savaient raconter des histoires qui étaient transmises d’un grand-père à l’autre. Ils racontaient leur guerre de 14 et nous, les enfants, on écoutait avec toutes nos oreilles. De temps en temps, nous sortions faire un petit tour au clair de lune. Nous avons fait cent fois le tour de nos châtaigniers. On les connaissait par cœur. Pendant ce temps, les anciens préparaient la rôtie et nous rentrions, les joues fraiches, heureux de retrouver la chaleur de la cheminée. L’ambiance était simple, tout le monde se connaissait. La population formait une vraie famille. Personne n’ignorait les problèmes des autres ; tout le monde s’entendait bien et savait se rendre service.

Adrienne Nous avons connu Adrienne par André et Hervé et nous avons très vite tissé des liens étroits. Tous trois étaient vraiment notre famille ! Discrètement, Adrienne était présente pour nous, par des bouquets, de nouvelles fleurs dans le jardin : André s’occupait des herbes, des ronces, des légumes mais les rosiers et les « pomponnettes » jaunes qui décorent notre cour ont été plantés par Adrienne ! Ces fleurs, je les ai toujours ! J’ai suivi son exemple et ai donné des boutures à Camille et à d’autres… Au printemps, Adrienne arrivait avec le premier muguet puis les roses, l’été avec des zinnias de toutes les couleurs, et à l’automne des chrysanthèmes dont elle avait cultivé tout un champ. Louis et Adrienne avaient une passion commune pour l’histoire de l’Ardèche : que d’échanges de livres, d’almanach ou d’histoires de veillées ! L’auberge de Peyrebelle ou la cavale de Pierre Conty en 1971 ont été l’occasion de comparer les sources et de discuter avec passion ! Avec Adrienne et André, Louis était heureux d’essayer de parler un peu l’occitan et de discuter des variantes entre la langue parlée à Dompnac, vers l’Escrinet ou celle des autres vallées. Chaque été, nous partions ensemble découvrir la montagne, pique-niquer, ou nous montions au frais chez Joseph… Nos rencontres étaient toujours joyeuses, avec un parfum d’évasion. Les soirées d’été rassemblaient les jardiniers et leur famille…. Pour finir en chansons. Avec Adrienne, j’ai beaucoup écouté, appris, ri ou questionné sur cette Ardèche, sur cette vie différente, moi qui venais d’une grande ville. J’ai découvert d’autres fruits, d’autres confitures : je me souviens d’une confiture de jujubes ! Le temps passe, mais Adrienne reste pour toujours dans notre cœur

Texte écrit par Hervé, lu à l’église Enfance-Adolescence : Sous un soleil d’octobre 1919, dans une maison de pierres au toit de lauzes est née Adrienne, fille de Justine et Clément. Au pied des Cévennes, le petit village de Dompnac était un lieu de rêves pour voir le jour. Au milieu de généreux châtaigniers, une rivière d’eau pure dans la vallée, la famille de 5 enfants vivait des bienfaits de la terre et d’un dur labeur, mais il y avait toujours un bon morceau de lard du cochon dans la soupe pour les enfants. Il fallait courir après les chèvres et les moutons pour éviter que les troupeaux aillent brouter l’herbe chez les voisins, de bonnes tommes étaient le fruit de cet effort. A la bonne période, de bons cèpes pointaient leurs têtes dans les bois et les fruits des châtaigniers faisaient le régal des habitants. On mangeait sain et bio à cette époque, bien avant que le label n’existe…. Un jour, il a fallu aller dans la grande ville (Aubenas) pour trouver du travail, d’abord employée de maison chez le docteur Pargoire, puis un poste d’aide-soignante à Bois-Vignal au service des petits vieux. Vie de couple et de famille : Adrienne rencontre André, de cette union naquit Hervé. La famille s’installe à Saint Etienne de Fontbellon. Le cercle familial s’agrandit aussi par cette union, du côté d’André, la famille Hugouvieux ( où il fut élevé) avec Fernand, Jeanne, Renée et bien d’autres de ce petit coin de Saint Etienne de Boulogne au pied de l’Escrinet. Mais aussi, l’ami fidèle d’André, Milou, rencontré lors du service militaire en Allemagne et toute la famille Achard de la Drôme. De très nombreuses journées d’amitié ont illustré ces rencontres. Il y a aussi la vie de quartier du pont de la Mûre avec les voisins et amis, les veillées l’hiver à taper belotte et Manille, les repas des jardiniers, et le célèbre cochon de la Mûre avec nos amis de la famille Ayzac pour produire les caillettes, terrines et cochonnailles tant appréciées de tous. Retraite et vieillesse : Enfin, à 60 ans la retraite et un peu de repos et de temps pour soi. On peut s’occuper avec ses loisirs préférés : lecture, mots fléchés, vie de quartier, veillées d’hiver avec les voisins et amis, repas de famille, et surtout jardiner en plantant des fleurs de toutes les couleurs pour avoir une belle maison. Tous les ans avec les copines, un voyage organisé à l’étranger pour voir et découvrir d’autres mondes et d’autres cultures. Une randonnée aussi en Corse, pays natal d’André avec nos amis de la famille Ayzac pour découvrir ce merveilleux pays si ressemblant à sa belle Ardèche. A l’aube de sa 102 ème année, Adrienne a préféré s’arrêter et se reposer un peu, le fagot était trop lourd, le sentier trop raide, elle s’est endormie pour rejoindre tous ceux qu’elle aimait tant, partis avant elle.

Toutes mes condoléances à la famille et plus particulièrement à HERVE concernant la disparition d'ADRIENNE . Bon courage pour cette épreuve. Amicalement et cordialement

Entourée de mon parrain et ma marraine, il y a quelques années....en 1974 !

Anniversaire surprise pour les 99 ans d'Adrienne à St UZE, elle était heureuse et nous aussi !

Sur la plage en Corse

Quelques photos en souvenir d'une grande affection