Le 18 avril 2025, Vendredi Saint cette année, tu es partie rejoindre celui qui te manquait tant depuis trois mois. Tu nous as quitté le jour où le Christ a été crucifié sur la croix, jour de douleur pour les chrétiens. Tu nous prouves une nouvelle fois que ta Foi est inébranlable. Toi aussi tu as souffert et l’absence de ta moitié était trop pesante depuis le 19 janvier dernier. A son chevet, tu lui as promis que tu allais le rejoindre. J’espère que vous allez vous retrouver et reposerez en paix l’un à côté de l’autre.
Jumelle avec Thérèse, vous êtes nées le 24 mai 1934. Ton tempérament de battante va se dévoiler dès ton plus jeune âge car tu résisteras à la maladie qui a emporté ta sœur. Tu as grandi au Quartier de Serre à Villeneuve entourée de tes parents, ton frère Pierre et ta sœur Marie. Tu partageais d’excellents souvenirs de jeunesse avec tes cousins et cousines et plus particulièrement Michèle avec qui vous entreteniez un lien étroit. Combien de fois, nous avons entendu l’anecdote d’aller chercher l’eau à la fontaine de Serre et une fois arrivée à la ferme, les récipients étaient vides tellement vous aviez chahutées… et vous repartiez vite en chercher pour ne pas vous faire gronder par ton papa. Benjamine de la fratrie, tu es devenue rapidement tante de neveux et nièces avec qui tu partageais d’excellents moments et qui t’ont accompagné tout au long de ta vie.
Puis, tu as rencontré l’homme de ta vie, Gustave. Vous vous êtes mariés en 1958 et naîtront de cette union 4 enfants : Elisabeth, Odile, Alain et Marie-Paule. Tu es descendue de tes hauteurs de Villeneuve pour venir habiter à la ferme familiale du Moulin à Mirabel. Avec patience et bienveillance, tu as cohabité avec tes beaux-parents pendant de longues années. Tu secondes ton époux dans tous les travaux entrepris sur la ferme, tant dans les vignes que dans les récoltes de foin où tu manipulais les ballots avec force et courage. Ta personnalité a su combiner les différents rôles de femme : mère, belle-fille, agricultrice, belle-mère, grand-mère et arrière-grand-mère.
Tu as affronté les pires épreuves d’une vie de mère : perdre un nouveau-né dans ses premiers jours de vie et apprivoiser le diabète chez ta fille aînée. Mais ta force de caractère et ta Foi t’ont permis de surmonter tout cela.
Les années passent, nous nous marions et te propulsons rapidement au plus beau rôle de la vie d’une femme celui de devenir Mamie ; et ce rôle tu l’as tenu jusqu’à ton dernier souffle. A 43 ans tu deviens Mamie pour la première fois avec Manu, puis Damien, Cécilia, Aurélie, Charlène, Pierre, Amélie, Thomas et Baptiste ont fait de toi une Mamie comblée. Tu as eu la chance de les avoir autour de toi jusqu’à ton dernier jour. Tu les as choyés et cajolés tout au long de ta vie en leur préparant d’excellents repas et plus particulièrement ta daube qui émoustillait les papilles de tes convives.
A ce sujet, je fais une parenthèse pour vous expliquer la présence de cette marmite emplie de fleurs devant le cercueil. Faby, ta belle-fille a tenu à t’honorer en te préparant cette composition marmitale car tu l’as utilisée maintes et maintes fois pour nous confectionner d’excellents repas et elle était toujours au centre de la tablée familiale. Damien disait ces derniers jours, celle-là elle a vu passer des tonnes de daube. Et oui tu aimais nous réunir autour de vous, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants pour partager ce que vous pouviez nous offrir. Il suffisait que quelqu’un passe vers midi pour lui offrir le couvert…
Bon nombre de témoignages de ces derniers jours évoquaient les repas au Moulin où tu ajoutais toujours une assiette pour celui ou celle qui se présentait à ta table.
Puis est venu le moment de devenir arrière-grand-mère avec Mélissa, Olivia, Paul, Louise, Emma, Mathys, Pablo, Lou, Timothé et Romane et les enfants des conjoints de tes petites filles, Aronn, Ryann, Ilan et Timéo. Toute cette jeunesse et ce petit monde ont été des lueurs de bonheur sur ton visage, certes des fois un peu fatigants mais tellement plaisants. Tu es la Mamie de tous, et parfois même au-delà de la famille.
Le fait d’avoir ta famille à côté du Moulin, a permis d’avoir des relations privilégiées avec certains d’entre eux. Je ne peux faire cet hommage sans citer Faby, ton unique belle-fille avec qui tu as développé une complicité sans faille. Elle t’a épaulé et soutenu depuis son arrivée à la ferme jusqu’à ton dernier souffle. Puis il y a Damien, que tu as gardé bébé avec qui tu as tissé des liens particuliers. Il te taquinait énormément mais il était ton sauveur. Tu lui as appris les premiers gestes de la vie mais au fil du temps vous avez inversé les rôles et il a été d’un soutien infaillible, il t’a assisté dans tes gestes quotidiens les dernières années à la maison. Lorsque les appareils auditifs ne fonctionnaient pas, il suffisait que Damien les touche et ça remarchait….
Avec Papy, vous travaillez durement et développez la ferme du Moulin avec labeur et sacrifice. Vous êtes heureux ainsi, aux côtés de vos enfants et ton plus grand bonheur est de voir ton fils Alain accompagnés de tes petits-fils : Damien, Manu, Pierre et Thomas développer votre exploitation. A chaque visite à l’hôpital, tu nous demandais que font les garçons ? Tu t’es toujours intéressé à tout.
Tu as été une fervente chrétienne pratiquant ta Foi tous les dimanches à la messe, puis catéchiste et visiteuse de malade à l’hôpital, tu as participé à de nombreux pèlerinages à Lourdes ta vie était rythmée par la religion.
L’amour que tu as diffusé et éparpillé autour de toi est ancré dans nos cœurs. Tu as été une femme courageuse, battante et remplie de force que tu puisais au fond de toi. Tu combats les maladies depuis des années, tu étais multi-pathologies comme nous disaient les médecins mais tu te relevais toujours tant bien que mal ! Ta perte de vue t’a beaucoup affecté mais tu t’es battue et as développé tes autres sens pour vaincre la situation. Il n’y a que toi pour nous faire une appendicite à 90 ans ! Là aussi, tu étais tombée bien bas mais tu t’es relevée, tu n’as pas pu regagner le Moulin mais tu avais trouvé un lieu où tu étais apaisée et sereine avec le personnel soignant du V3. Tu as vite appris à connaître leurs voix et compris les qualités de chacun…
Mais 67 ans de vie commune ne s’oublient pas en un claquement de doigts et le départ de Papy t’a emporté dans un désir de le retrouver et être à nouveau à ses côtés. Tu as perdu ta combativité et ta force intérieure, tu as tout lâché pour partir. Nous avons essayé de combler ce manque mais nous n’y sommes pas parvenus.
Aujourd’hui, tu laisses un grand vide mais nos cœurs sont emplis de souvenirs et récits qui ont fait de toi une Mère Veilleuse.
Merci Maman